Après 5 mois de Mauritanie, une escapade au Sénégal est un réel dépaysement!
On se retrouve plongé au coeur de l’Afrique et de sa population frénétique, vivante et colorée; Les sénégalais, plus habitués à voir débarquer des touristes et au passé colonial autrement plus marqué que la Mauritanie, savent mieux appréhender les « toubabs ». Ils « nous » connaissent mieux. Ainsi, les discours prennent souvent une tournure stéréotypée, succession de phrases scandées des milliers de fois pour attirer l’attention de l’acheteur potentiel qui sommeille en chacun de « nous ».
Le tout, sur un discret fond de rancune post-colonialiste, prêt à jaillir à tout moment de la conversation, au moindre faux pas, ou simplement au décours d’un marchandage qui n’en fini plus.
« eh ! mon ami! » scande un vendeur depuis sa boutique, « tu peux me serrer la main quand même! on est pas des animaux! » et hop, on se fait attraper la main, et celle n’est lachée qu’à la condition d’aller piocher dans son porte-feuille quelques billets en CFA.
Ainsi, une petite pointe d’agressivité montre le bout de son nez, on se sent culpabilisé, alors que la réalité est très simple: ils veulent juste nous vendre des souvenirs!
La spécialité des vendeurs à la sauvette sénégalais est de suivre sa « proie », et de ne la lacher qu’après avoir pu refourguer un ou deux grigris. Quitte à faire la discussion pendant des heures! ainsi un monsieur nous a suivi le long de le plage pendant près de d’1H30!
L’aspect très pénible, c’est que parfois la conversation « dérape », et fini parfois en: « alors, tu ne veux pas m’aider? achète moi quelque chose! alors c’est que tu n’aime pas les noirs! « (??!!???!) et immédiatent ensuite: » tu sais si je te coupe la peau, c’est le même sang qui coule dans nos veines… »
Voilà ce que j’entendais par « dérapage » et « rancune »…
En cela la Mauritanie est très différente.
Les Mauritaniens, qu’ils soit Maures, Soninké, Wollof, Pular, sont très fiers et ont toujours lutté activement contre les colons français. Raison pour laquelle le pays est très peu developpé en ce qui concerne les infrastructures, rien n’a pu être construit, ou presque, pendant la colonisation, ni villes ni routes, ni hopitaux…
Mais cela donne aux Mauritaniens un sens de l’acceuil réel. Quand quelqu’un vous invite ou engage la conversation, il n’a, la plupart du temps, aucune idée derrière la tête. Ainsi, je sais que quand je reviendrai, insha llah, je serais accueilli chez mes amis comme un roi! et pour une durée qui n’a pas de limite (ou presque).
Les gens donnent TOUT ce qu’ils ont pour leur famille et leur amis. C’est vraiment impressionnant. Ils sont beaucoup moins attachés à leurs objets que nous pouvons l’être. Ainsi, une bonne façon de se procurer une fringue sympa, consiste à dire à votre ami que vous aimez beaucoup son T shirt… vous pouvez être sûr de repartir avec!! Mais au final, comme tout le monde fait la même chose, la roue tourne, et tout est à peu près bien réparti… à classe sociale équivalente bien entendu!
Il ne reste plus que 2 semaines avant mon départ, et déjà je suis triste de quitter la Mauritanie. Il règne ici une simplicité, que nous n’avons pas ou plus chez nous. Avec nos protocoles, bonnes manières et « savoir-vivre », nous avons considérablement compliqué le quotidien et les choses qui ne devraient pas l’être. Par exemple, ici, on peut aller déjeuner tous les jours pendant des mois chez son voisin sans se sentir redevable de quoi que ce soit! c’est normal ici. Ainsi les mauritaniens ne se demandent jamais CE qu’il vont manger, mais plutôt CHEZ QUI ils vont manger!
Imaginez vous une seconde, aller manger toute une semaine chez un ami, sans que vous soyez en vacances chez lui???!!? Impossible! celui ci se sentira pris pour un con, ou attendra que vous lui rendiez son invitation, et vous serez assez vite très mal à l’aise, incarnant le pique-assiette par excellence!( je ne parle bien entendu, pas de participer à la confection du repas ou à son financement, mais bel et bien de mettre les pieds sous la table…)
Bref, la Mauritanie et sa simplicité vont vraiment me manquer.
Quelques petites photos de St louis du Sénégal, histoire de vous emmener un peu avec moi…
La bise.